“Vous charriez premier maître !”: mon 11 septembre

“Vous charriez premier maître”: mon 11 septembre 2001 !

Je n’ai pas vu les avions percuter les tours en direct. 

3 jours après le 11 septembre, je suis assis dans un zodiac, à côté de notre instructeur, un premier maître sans humour. Nous sommes au milieu d’une formation intense et venons de passer 3 jours isolés.

Dans une tentative de discussion avec notre instructeur peu loquace, je lui demande comment va le monde (les smartphones n’existaient pas).

Et le premier maître répond sans trace d’émotion que 2 avions ont percuté les tours du WTC.

“Vous charriez premier maître” ! Je ne le crois pas. Il me faudra encore 8 jours avant de voir les premières images.
Et je comprends que le monde a changé. 
Je comprends, sans que personne ne le dise, mais il suffit de regarder les visages à la fois graves et plein d’excitation des gradés autour de moi, que notre mission a changé du tout au tout. 
Je m’engage alors comme jamais dans cette mission. Non sans erreurs, non sans déceptions, non sans frustrations…

Je retiens de cette période très formatrice pour moi quelques enseignements partagés dans ce post et d’autres:

👉 Le rôle des émotions. Parvenir à juguler ses émotions est primordial pour comprendre la magnitude d’un changement et de ses impacts. Il ne faut pas se couper de ses émotions mais pouvoir les atténuer pour les utiliser avec discernement. Le fait ne pas avoir vu les images des attaques contre le WTC m’avait permis de garder mes distances.

👉 Le risque de la divergence d’engagements. Comprendre plus tôt les impacts d’une situation peut être à double tranchant. On peut avoir tendance à partir trop vite en pensant que chacun a compris de même et que la réaction spontanée sera la même pour tous. Mieux vaut prendre le temps de se recaler avec nos collaborateurs comme avec nos chefs. 
La compréhension que j’ai eue de ces évènements n’était pas tout à fait la même que mes chefs. Ceci a causé une forme de défiance. Nos engagements risquaient donc de diverger.

👉 Le tempo de l’engagement et l’incertitude. En arrivant dans mon unité opérationnelle, je n’avais pas les repères et pourtant il allait falloir faire vite pour m’intégrer, prendre la mesure du niveau et nous préparer ensemble pour des situations que peu avait déjà connues. Nous nous en remettions à l’entraînement pour faire face. Mais nous risquions de nous user trop vite. 

👉 L’ambition versus le réalisme: la première victime est la confiance. J’avais la conviction qu’il fallait revoir l’entraînement car nous allions devoir affronter une menace nouvelle. Mais emporté par mon enthousiasme, je suis allé trop vite pour augmenter le niveau. Je ne me suis pas suffisamment appuyé sur l’expérience de mon équipe. De fait, je manquais de confiance dans mes chefs mais aussi dans mes hommes. Et, encore plus difficile à admettre, je manquais de confiance en moi…

Une autre aventure commençait. Une changement qui prenait la forme d’une gestion de crise majeur commençait.

D’autres enseignements bien sûr que je serais heureux de partager avec PEARL Crisis Response

#forcesspeciales #gestiondecrise